Déclaration de la CGT : “Le Conseil d’orientation des retraites (COR) confirme l’ampleur de la dégradation des retraites due aux réformes successives”
Après les travaux de sa séance d’octobre dernier, qui avaient montré notamment que près de 30 % des salariés de 60 ans, et 15 % de ceux de 61 ans n’étaient ni en emploi, ni en retraite (ils sont au chômage, en maladie ou inactifs) du fait des conséquences des réformes de 2010 et 2014, le COR a principalement consacré sa séance de décembre à l’analyse des effets globaux de ces 2 dernières réformes.
Les études analysées lors de cette séance montrent l’ampleur de la dégradation des retraites résultant des réformes successives, confirmant ainsi les analyses de la CGT.
Réalisées à partir de modèles de projection sophistiqués construits par la DREES (la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques rattachée au ministère de la Santé) et par le service d’étude de la CNAV, ces études permettent de mettre en évidence des résultats particulièrement intéressants. Ainsi, selon la DREES (Études et résultats n° 285 de décembre 2016), les réformes de 2010 et de 2014 auraient pour effets « de réduire la durée passée à la retraite de deux ans en moyenne et de diminuer la masse de pension cumulée sur le cycle de vie de 4,5 %, par rapport à une situation sans réformes ». Quant aux accords ARRCO-AGIRC successifs de 2011, 2013 et 2015, ils « diminuent la pension tous régimes cumulés de plus de 1 %, en raison notamment des sous-indexations successives et des baisses de rendement » : en 20 ans, le rapport entre la valeur de service du point et son prix d’achat a été divisé par 2 ! (étude à paraître dans la revue Retraite et société).
« Les personnes à faibles revenus sont globalement plus touchées par les réformes, avec une diminution de leur pension cumulée de plus de 6 %. La baisse de pension est de 3,5 % pour celles ayant des revenus élevés » (Études et résultats, article cité).
Enfin, si les effets négatifs des réformes sont, selon la DREES, un peu plus faibles pour les femmes que pour les hommes, ce n’est pas parce que leur situation s’améliore, mais parce que la dégradation est globalement un peu plus faible pour les femmes que pour les hommes : rappelons que ces dernières touchent en moyenne une retraite de 40 % inférieure à celle des hommes.
Par ailleurs, le dossier examiné par le COR confirme qu’ainsi que l’a toujours affirmé la CGT, c’est l’indexation sur l’inflation (et non sur le salaire moyen comme avant 1987), tant des salaires pris en compte pour le calcul de la retraite (ce qu’on appelle les salaires portés au compte), que des pensions déjà liquidées, qui est le principal facteur de dégradation du pouvoir d’achat des retraites. Cette dégradation est d’autant plus importante que la croissance économique est élevée.
Il y a donc urgence à revenir sur une indexation des pensions de retraite sur les salaires, comme à revenir sur un calcul des droits à retraite, qui a été réformé au détriment des salariés les plus modestes et des femmes particulièrement.
On mesure grâce à ces analyses quelle est l’importance du dossier des retraites et celle de lutter pour leur amélioration et le retour de l’ouverture du droit à la retraite à 60 ans, quand certains proposent de reculer l’âge d’ouverture du droit à retraite à 65 ans, et à assurer un montant de pension au minimum égal au SMIC pour une retraite complète.
Montreuil, le 15 décembre 2016