Les retraités sont ceux qui le vivront le plus durement, mais elle touchera tous les salariés : la hausse de 1,7 % de la CSG devrait entrer en vigueur en janvier prochain. Alors que son taux il y a 27 ans était de 1,1 %, il atteindra en janvier 8,3 % pour les retraités et 9,2 % pour les salariés !
Cette hausse sera compensée par une baisse de cotisations à l’avantage principal des employeurs. En effet, la baisse de cotisations ne concernera par définition pas les retraités, dont le pouvoir d’achat sera en conséquence sérieusement amputé : la perte mensuelle sera de 25 euros par mois sur une retraite de 1200 euros et de 58 euros sur une retraite de 2400 euros ! Mais surtout, les entreprises bénéficieront de la baisse de cotisations, alors qu’elles ne paient pas la CSG : ce sont donc les salariés qui paieront la différence !
Ce transfert de charges du patronat vers les salariés est clairement idéologique. Le postulat sous-jacent est que ce n’est pas aux employeurs de payer pour la santé et pour l’assurance chômage de leurs employés : ces dépenses, qu’ils qualifient d’ailleurs de “charges”, sont pour eux illégitimes. Comme si les employeurs n’avaient aucun lien avec le taux de chômage que nous connaissons, ni avec les accidents du travail ! Comme si les entreprises ne bénéficiaient pas de la bonne santé de leurs salariés et du renouvellement de la force de travail !
La hausse de la CSG non seulement reporte le coût de la protection sociale sur les seuls salariés, mais en outre prive ces derniers du droit qu’ils avaient conquis d’intervenir dans sa gestion. En effet, les cotisations donnent à ceux qui les payent le droit de déterminer leur montant et les dépenses qu’elles permettent. Lorsque le système a été conçu, la protection sociale était même gérée conjointement par les représentants des salariés et du patronat. Substituer de la CSG aux cotisations signifie donc réduire le champ d’intervention des représentants des salariés et renforcer l’étatisation de la prise de décision, à un moment où l’État affiche de manière ostentatoire sa volonté d’exécuter toutes les volontés du MEDEF.
En fin de compte, cette hausse de la CSG met à mal la philosophie de la protection sociale. Le choix d’un système financé par des cotisations permet aux salariés de mettre en commun une partie de leur salaire et de la gérer eux-mêmes. Il s’agit d’organiser la solidarité entre eux et en affirmant la responsabilité des entreprises selon le principe : “de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins”. L’étatisation du financement de la protection sociale rompt cette logique, déconnectant la protection sociale du travail et privant les salariés de leur droit d’intervention. Ce faisant, elle fait entrer la protection sociale dans une logique de charité, qui a toutes les chances la réduire au rôle de simple filet de sécurité minimal face aux plus gros coups durs de la vie.
L’enjeu est donc de taille et il faudra porter haut nos exigences lors de la grande journée de mobilisation du 12 septembre prochain !